dimanche 17 juin 2012

Au pays d'OZ

Déjà 6 mois passés en Australie... Et une couple de mois que je me dis qu'il faudrait bien que j'écrive sur mon séjour en ce pays. Considérant que mon blog n'est plus du tout à jour, je tenterai ici de faire cela concis pour reprendre le temps perdu. J'écris "essayer", sachant que ce n'est pas une chose facile pour moi à faire. (En fin de compte c'est un long texte, j'aime mieux vous en avertir d'avance... 6 mois en concis, c'est quand même long)

Donc nous sommes partis, Christian et moi, de la Thaïlande dans des avions différents pour se rejoindre une dizaine d'heures plus tard à Sydney. "Welcome in Australia!" ou plutôt " Welcome in Ssstralia!" (dit avec l'accent australien).  Ouin, c'est ça... J'ai trouvé mon arrivée quelque peu brusque. À peine sortis de l'avion, deux policiers barraqués à l'australienne nous demandent de s'accoller au mur du corridor en file indienne et de ne pas faire un pas de plus, le temps de se faire sniffer par les gros chiens détecteurs de drogue. Puis une fois remise en liberté, sur mon chemin vers les comptoirs d'enregistrement à l'immigration, d'immenses murales avec des peintures d'animaux marins comme des raies, des requins et des serpents de mer décorent les murs, ainsi que la phrase suivante : "Did you spot the deadly marine australian life?" J'étais impressionnée et pas du tout rassurée. Néanmoins, j'étais très contente d'être en Australie. J'en rêvais depuis des années, je m'imaginais même parfois m'y installer et y faire une partie de ma vie.

Environ deux semaines avant de quitter la Thaïlande, nous regardions les annonces de voitures à vendre en Australie sur le net, ainsi qu'un endroit où dormir pour quelques jours à Sydney. Il semblait bien que nous arrivions dans une période achalandée à Sydney, car trouver une place décente et abordable où rester fut quelque peu ardue. J'avais envoyé une vingtaine de demandes à des gens de Sydney sur couchsurfing, mais la moitié de ces demandes fut sans réponse ou les réponses reçues disaient que malheureusement les "couchs" étaient déjà occupés durant nos dates de séjour. Puis, toutes les auberges de jeunesses abordables étaient pleines au même même moment. Quelques jours avant notre arrivée, nous avons finalement trouvé une chambre de disponible sur le site Hostelbooker. Nous avions donc réservé une chambre privée à 70$ au Aussie Lodge. Une fois rendus sur place, nous avons bien constaté que les photos sur le site internet ne rendait pas justice au réel délabrement de la place. Il s'agissait d'un genre de logement, squeezé entre des bars et clubs de danseuses, avec des chambre et des dortoirs au-delà d'une longue série de marches. Les planchers était recouverts d'un épais tapis rouge et sale et les murs étaient jaunis et perdaient des morceaux. C'était sombre et déprimant. Le propriétaire de la place qui semblait lutter contre un bon hangover, nous a mené à notre chambre dans ses vapeurs de robine. C'était une petite pièce avec un lit, une armoire, une télévision et une salle de bain, qui semblait du premier coup d'oeil correcte pour le prix payé. Une fois le proprio parti, on s'est mis à examiner les lieux plus scrupuleusement. Le tapis était en train de pourrir et était manquant à certains endroits. Il y avait des poils dans le lavabo et des coulisses jaunes sur le bol de toilette. La quantité de débris quelconque au sol démontrait que la balayeuse n'avait pas été passée depuis un bon moment. Mais le pire était les poils frisés retrouvés dans les draps de lit... beurk! La chambre n'avait sans aucun doute pas été nettoyée depuis le dernier occupant. On a donc sollicité le proprio pour des draps de lit propres. Puis, Chris s'est permis de fouiller dans le débarras à côté de notre chambre et est ressorti avec une vieille balayeuse et une bouteille de javelisant. Puis, Chris "l'homme à marier" a passé la balayeuse et désinfecté la salle de bain. Quelques heures plus tard on a aussi découvert qu'une famille de cafards vivait dans notre chambre. Sans farce, j'ai vu plus de cafard dans ma chambre à Sydney que durant le mois passé en Thaïlande... Je me suis fait un plaisir de faire une critique peu louable et de descendre le Aussie Lodge sur le site de HostelBooker par la suite. Vous aussi vous en êtes informés, le Aussie Lodge à Sydney, vraiment à éviter! Après quelques heures de repos récupérateur, nous sommes sortis de notre chambre à la recherche de nourriture. Notre auberge était en plein coeur du qaurtier King Cross, sur la rue Darlinghurst. C'est à cet instant que nous nous sommes rendus compte que nous étions sur une rue équivalente à la Ste-Catherine à Montréal. Des clubs, à majorité des clubs à go-go partout. C'était le genre de coin où il est peu recommandé de se promener seul durant la noirceur. Sur notre chemin; des gueulards, des prostitués qui se disputent ("that's my hood!"), des gens qui se parlent seul. Un coin de tout croche quoi! Disons qu'après notre séjour zen et tranquille en Thaïlande, le changement d'ambiance était drastique.

Notre contrat de travail de cueillette de cerise allait commencer dans 4 jours. C'était à Young, une ville qui se trouve à 4 heures de voiture de Sydney. D'ici là, nous voulions trouver une voiture, un bon bazou mais pas cher, puisqu'on était vraiment cassés à ce moment là.  Donc, durant notre deuxième journée à Sydney, nous avions 51 000 choses à faire dont trouver un téléphone cellulaire, un contrat de téléphone, trouver une voiture ainsi que trouver une autre place où dormir, car aussi surprenant que cela puisse être, notre auberge triste en s'en ouvrir les veines était full pour les journées à venir. Donc nous n'avons pas vraiment eu le temps de voir et de profiter des attraits de la ville. Entre temps nous avons pris connaissance du coût de la vie exorbitant de l'Australie, d'autant plus que Sydney est apparamment la ville la plus dispendieuse du pays. Une chose qui nous arrive rarement, nous nous sommes acheté une cannette de Root Beer au dépanneur, qui nous a coûté 3,50$ chacune. Depuis, cette cannette nous sert à relativiser le coût général de toutes autre choses. Si une cannette de liqueur coûte 3,50$ en Australie, combien coûterait un sandwich...? Entre 11 et 14$ dépendamment à quoi est le sandwich en question. Nous n'étions pas tout à fait ravis d'être là jusqu'alors. D'autant plus que le temps était froid et maussade. Pour notre 3ième nuit, la seule autre auberge de jeunesse que nous avons trouvé de disponible était à Collaroy, une banlieu de Sydney, à une heure de bus du centre-ville. Néanmoins, notre séjour d'une journée fut beaucoup plus agréable là. L'auberge était propre, sympa et à quelques pas de l'océan. L'ambiance y était beaucoup plus décontractée et festive. Suite à nos longues heures de recherche sur Internet, nous avions ressorti une liste de voitures qui correspondaient peut-être à ce qu'on cherchait. Toutefois ces voitures se trouvaient aux 4 coins de Sydney, ce qui annonçait une journée de plaisir à expérimenter le réseau des transports publiques de Sydney, qui est vraiment étendu et vraiment pas évident pour les touristes que nous sommes. Par chance, la première voiture vue et essayée fut celle qu'on a achetée. Un Holden Apollo, blanc, station wagon, 1991, 188 000 km (ce qui n'est pas beaucoup pour une voiture usagée en Australie), transmission manuelle. La dame qui nous l'a vendu était trop gentille et semblait être de confiance. Elle nous a même offert 2 sacs d'épicerie pleins de pains et de brioches en prime, ce qui faisait vraiment chrétien, d'autant plus qu'il y avait plusieurs photos du Christ dans sa demeure. Elle nous a également dit de garder le chapelet et la médaille de la sainte vierge qui étaient déjà dans l'auto, que nous n'avons pas osé enlever jusqu'à ce jour... et depuis les 20 000 km roulés, pas d'accidents et de troubles majeurs. Donc aussitôt la voiture trouvée, nous nous sommes empressés de nous procurer les effets de base que nous jugions nécessaires à nos quelques mois de camping devant nous, puis on a pris la direction sud-ouest vers Young, pas fâchés de quitter Sydney. C'est Christian qui a pris le volant au début (et la majorité du temps), car conduire à gauche avec un char manuel était beaucoup de défis et de stress pour moi (j'avais conduit 2 fois avec une voiture à transmission manuelle il y a presque dix ans de cela). Maintenant, je suis presqu'à l'aise, à l'exception de la conduite dans des endroits achalandés. Tout est inversé dans la voiture, à l'exception des pédales (ffiiiioooouuuuu). Durant les premiers temps de conduite, quand on voulait actionner les clignotants, c'était inévitablement les essuie-glaces qu'on actionnait. Encore après 6 mois, je dois déjouer mes réflexes de nord-américaine et penser à deux fois de regarder à droite en premier, et non à gauche, avant de traverser une rue.

Une fois rendus à Young, la capitale de la cerise en Australie, nous avons pris connaissance de ce qui allait être notre «chez nous» pour les 5 à 6 semaines qui allaient suivre. Notre campement était à une quinzaine de minutes de Young tel quel. Il n'y a pas grand chose autour de Young et nous arrivions dans la campagne australienne.  Le paysage autour de nous affichaient des collines parsemées de vert et de jaune, des champs de moutons et des grands eucalyptus. En entrant dans ce coin de pays, Chris me lance: «Tu trouves-pas que ça ressemble à Compton?» Ouais, ça pourrait le faire, Compton avec des eucalyptus... Nous étions embauchés par une grosse ferme, "Hallmark". Nous étions environ 120 pickeurs à y travailler, la majorité des québécois, car le fermier estime que les québécois sont des très bons cueilleurs de cerises et nous favorise à d'autre nationalité durant la sélection. Ainsi nous avons retrouvé plusieurs de nos camarades avec qui nous avions cueilli des cerises l'été d'avant au BC. Donc, nous étions dans un genre de Compton avec des eucalyptus, entourés de québécois. Le sentiment de dépaysement ou de choc culturel  n'était pas fort à ce moment, et il se fera plutôt doucement par la suite.  Compte tenu du nombre de "pickeurs" sur place, la ferme  nous offrait 3 différents campements avec accomodations pour 5$ par jour, ce qui est cheap en Australie. Nous étions sur le campement avec les bonnes douches (bonnes dans le sens qu'elles sont en nombre suffisant et qu'elles ont de l'eau chaude... la majorité du temps). Toutefois, il fallait aller à un autre campement pour s'approvisionner en eau potable et la cuisine était dans une bâtisse en décrépititude. En fait, probablement que la bâtisse avait déjà été super bien dans un passé pas si lointain, mais le problème est qu'elle avait été fréquentée majoritairment par des "pickeurs" qui ne savent pas vivre (assez fréquent).  Pour donner une idée, il y avait un salon avec un foyer et quelques conards avaient auparavant eu la bonne idée d'arracher des planches de bois, qui formaient les murs, pour aprovisionner le feu. Il y avait aussi toutes sortes de grafitis sur les murs, mais peu d'entres eux annonçait un artiste talentueux en émergence. Je peux donc comprendre, à un certain point, les propriétaires de ne plus investir argent et énergie dans les accomodations déjà fournies. Ainsi nous avons baptisé la cuisine " the crackhouse", car c'est ce à quoi elle ressemblait. Néanmoins, nous avions presque tout pour cuisiner à proximité de notre tente et fréquentions the crackhouse surtout par mauvais temps, ce qui n'était pas si mal au bout du compte. Nous avions planté notre tente sur un bout de terrain peu achalandé, à côté d'anciens "shiteux" (2 vieilles bécosses constituées de murs et d'un toit en tôle) et d'un champ avec 6 à 7 veaux trop attachants. Nous nous sentions chanceux d'être à côté des shiteux (je spécifie qu'ils n'étaient plus utilisés depuis très longtemps... il y avait de l'herbe dans les trous et plus aucune trace douteuse). Non seulement ils nous protégaient un tant soit peu du vent, nous faisaient de l'ombre en après-midi et nous offraient une base à nos installations de cordes à linge, nous nous en servions aussi pour ranger et entreposer notre stock comme notre cooler et notre bac de nourriture. Durant les premiers temps les shiteux m'ont servi de lieux de désensibilisation de ma peur des araignées. J'étais toujours ultra vigilante lorsque j'y entrais. Faire du camping en Australie me causait un certain stress. Nous entendions des histoire comme: «J'ai vu un "brown snake" passer sur le camp» (deuxième serpent le plus venimeux en Australie et au monde), «J'ai vu une grosse "red back" dans la salle de bain» (araignée équivalente à la veuve noire) ou « Regarde, voilà une araignée white tail. Si elle te mord, elle t'injecte un venin qui fait pourrir ta peau et tes muscles» (apparamment que ça ne fait pas ça à tout coup, mais j'aime mieux ne pas essayer et ne pas le savoir...). Durant mes premières nuits de camping, il m'arrivait souvent de me réveiller en sursaut juste avant d'atteindre la phase du sommeil profond, car peu après avoir fermé les yeux, il m'apparaissait des images très réelles d'araignées laides et méchantes, même si j'en avais pas vraiment vues. Heureusement, cela s'est vite estompé, même si j'ai vu les plus grosses araignées de ma vie à Young par la suite. Nous sommes arrivés à Young dans la pluie et les grands vents. Le temps était vraiment misérable et il faisait froid. Je ne pouvais m'imaginer une telle température en Australie. Nous étions à la fin novembre et en réalité c'était le printemps. C'était une température normale pour un printemps en fin de compte. C'est moi qui avait une idée biaisée qu'en Australie il faisait toujours beau et chaud... NOT!. Les vents étaient vraiment intenses, assez pour que nous délaissions notre tente pendant 2 jours pour dormir dans notre voiture. Mes deux paires de pantalons et mes deux chandails chauds que j'avais entassés dans mon sac-à-dos n'étaient pas de trop. Puis on a commencé à cueillir des cerises. Je n'en parlerai pas de façon détaillée ici puisque je l'ai déjà fait dans un blog précédent. Néanmoins, la tâche s'est avérée beaucoup moins difficile cette fois, probablement en raison de mon minimum d'expérience antérieure et surtout en raison des arbres qui sont beaucoup plus petits en Australie qu'au Canada. Je me suis remis à faire aller mes doigts, qui se sont remis à fendiller et nous nous sommes remis à gagner de l'argent... Youppi! Nous travaillions de 6h à 15h la majorité du temps. En moyenne, j'égalais ou surpassait le salaire que je faisais en tant qu'ergothérapeute au Québec, ce qui me satisfaisait. Christian et d'autres faisaient facilement le double de salaire que moi, pour dire qu'il y a moyen de faire beaucoup d'argent en cueillant des cerises en Australie... le temps que ça dure. Le temps a passé vite et bien à Young. Nous avons rencontrés de nouveaux gens supers sympas; australiens, chiliens, allemands, néo-zélandais, français, québécois. Nous avons tenté de domestiquer nos voisins les veaux en les amadouant avec nos restant de légumes et en leur offrant de l'herbe à tous les jours. Nous avons bien réussi avec l'un d'entre eux, qui parfois, venait nous voir en courant, littéralement.  Un veau qui court c'est drôle. Il était vraiment gourmand et raffolait des pelures de patate. Nous l'avons surnommé "Meu meuh" et c'était le plus beau des veaux. Il m'a presque donné envie de devenir végétarienne. Notre séjour à Young à aussi été marqué par les soirs au "Wombat Pub", qui était la facilité la plus proche de notre campement (à même pas 5 minutes de char) et qui offrait des hot-dogs gratuits les dimanches soirs. Je me rappellerai toujours de ces fameux hot-dogs à l'australienne, qui se composent d'une tranche de pain blanc, d'une saucisse à déjeuner, d'oignons frits et de sauce BBQ. Ça s'annonçait pas génial (comme le reste de la bouffe australienne), mais c'était pas dégueux non plus et c'était surtout gratuit. Avec une bière, ça passait bien.


Un cerisier à Young

Meu meuh


Même si le choc culturel était très léger, il y a tout de même des faits et concepts très différents en Australie qui m'ont frappée, et j'aimerais faire un arrêt dans la chronologie et faire une paranthèse ici pour en parler.  Premier concept: Plus tu vas au sud, plus il fait froid alors que plus tu vas au nord, plus il fait chaud. Deuxième concept: L'été est de décembre à mars et l'hiver est de juin à septembre. Dans mes concepts de nord-américaine, ça peut sembler le monde à l'envers, mais c'est comme ça dans l'austral. Premier fait remarqué: les feux de circulation sont quasi absents, à l'exception des grandes villes, ils sont remplacés par des rond-points. Conduire en tenant la gauche dans un rond-point les premières fois, c'est un peu perturbant. Deuxième fait différent: l'expérience à l'épicerie. Tout d'abord, les légumes sont immenses. Puis, les 4 roues des chariots d'épicerie sont pivotantes, ce qui permet d'aller vers l'avant, l'arrière et de côté. Brillant quand vient le moment de tasser son chariot sur le bord de l'allée pour libérer le chemin, mais impossible d'aller en ligne droite sur une surface inégale, ce qui fait que c'est plutôt la merde dans le parking et dans les tournants. Autre fait: l'anglais parlé. Les Australiens ont un accent qui leur est propre. Si je tente d'expliquer comment ça sonne, je dirait que l'accent est mis sur les voyelles qui me semblent être prolongées (nooooo, caaar). Ils ont aussi leurs propres expressions et un vocabulaire différent pour certaines choses. Il y a bien sûr les "G'day" (good day) pour les salutations ou les "R U doing" (how you doing). Pour ce dernier cela m'a pris du temps à comprendre réellement ce qu'ils disaient tellement ils le disent vite. J'ai aussi appris que ça ne sert à rien de répondre à ça "good", la plupart des gens ne se préoccupe pas de la réponse. Il y a aussi les fameux et fréquents "mates" (thank mate, no worries mate). Tout le monde est un "mate", homme ou femme, enfant ou vieillard. Sans oublier les "no worries" qui se disent fréquemment pour signifier que tout est bien. La phrase nationale pour clore une discussion ou une rencontre est "see you later", que ce soit entre amis ou entre purs inconnus, comme lors d'un service à la clientèle à l'épicerie par exemple. En fait, l'australien parlé sonne plutôt sympatique et amical. Malgré tout, l'australien moyen est généralement gentil, mais pas plus que ça. Pour le vocabulaire, certains mots communs utilisés sont différents comme "rubbish" pour déchet, "stubby" pour bouteille de bière, "swimmers" pour costume de bain. Il y a une tendance à couper les mots et les faire finir par "y" ou "ie" comme "sunnies" au lieu de "sunglasses", "Brekky" au lieu de "Breakfast", "Tassie" au lieu de "Tasmania", "Aussie" (qui se prononce ozzie) pour "Australia". Durant les premiers temps, discuter avec des australiens était confrontant. J'en manquais des grands bouts et j'étais embarassée de faire répéter les personnes. J'avais l'impression de devoir réapprendre l'anglais de nouveau. Toutefois, il est à préciser que l'accent diffère d'une région à une autre, et que travaillant dans le "fruit picking", il m'arrivait plus souvent de côtoyer des australiens de campagne avec un accent de campagne. J'étais particulièrement découragée après ma première tentive de conversation avec une Australienne, mais il faut dire que cette personne était une truckeuse pompette qui se proclamait "from the bush" (de la campagne). Autre fait frappant: beaucoup d'australiens ont des dents manquantes. Je ne veux pas généraliser car j'ai remarqué cela dans les villes où j'ai travaillé, donc dans les fins fonds de campagne, à l'exception du Western Australia où les gens semblent prodiguer plus de soins envers leurs dentition. Une autre chose qui est frappante en Australie est le soleil. Il est foudroyant et il faut y faire vraiment attention. Le cancer de la peau est extrêmement répendu sur ce continent. Lorsque le soleil sort, la température augmente dramatiquement et vice versa. Néanmoins, ce qui me frappe le plus en Australie est sans aucun doute les oiseaux. C'est ce qui me fait sentir le plus à l'autre bout du monde et qui me fait le plus tripper ici. Il y en a de toutes les grosseurs, de toutes les couleurs et coiffées de toutes les crêtes. Le matin, c'est une symphonie cacaphonique de toutes sortes d'êtres à plumes qui me tire de mon sommeil. Ici les oiseaux ne pipittent pas comme ceux de chez nous, ils s'exclament, roucoulent ou râlent bruyamment. C'est à croire qu'ils sont timbrés. J'adore! Mon oiseau préféré est le Kookaburra avec sa petite face mignonne et surtout avec son cri unique. Fait informatif: c'est l'oiseau emblématique d'Australie, il est carnivore et il chasse les serpents!  Fin de la paranthèse.

Nous avons fêté Noël à Young, qui fut un gros souper buffet-méchoui entre pickeurs de cerises durant la soirée du 24 décembre. Noël sans neige, sans sapin et sans famille, c'est weird. En Australie, ça se fête autour d'un BBQ. Ce qui est drôle, c'est que l'ambiance véhiculée et exposée dans les centre d'achats est la même que par chez nous. On retrouve les mêmes décors et images de neige, de sapins et de bonhommes de neige, alors qu'en réalité il n'y a rien de tout ça dans les alentours. Je me suis quesionnée si le père Noël ne venait pas plutôt du pôle sud pour les gens d'ici. Après avoir mijoter sur cette question de haute importance, j'ai eu ma réponse: Non, le seul et unique père Noël vient du pôle nord, mais il débute sa "run" de cadeaux en Australie. Peu après Noël, notre contrat à Young s'est terminé, tout juste avant le nouvel an. Notre plan était d'aller en Tasmanie pour poursuivre la cueillette des cerises qui est plus tardive au sud. Il fallait se rendre à Melbourne pour prendre le traversier. Néanmoins, nous avions une semaine à attendre avant d'embarquer pour la Tasmanie. Plusieurs personnes disaient que la saison de cerise en Tasmanie était très moche cette année, ce qui nous a fait reconsidéré notre plan, à savoir si le coût du voyage en traversier en valait le coup (1000$ aller-retour pour deux personnes et la voiture, avec une cabine privée). Je tenais vraiment à voir et vivre la Tasmanie, alors nous avons collé à notre plan cette fois. Il fallait alors trouvé un plan pour occuper notre semaine de façon amusante et non-dispendieuse. Fêter le nouvel an à Melbourne était tentant, mais nous étions dernière minute et n'avions rien de réservé. Aussi, la vie en ville australienne est coûteuse. Quelques personnes nous mentionnaient qu'il y avait un festival qui débutait tout juste et qui prenait place quelque part sur notre chemin pour Melbourne. Ça s'appelait "Confest", "con" pour conference et "fest" pour fesival. C'était apparamment un festival où se donnaient toutes sortes de conférences et ateliers sur toutes sortes de sujets portant sur des méthodes alternatives  de vie (arts, santé, médecine alternative, nutrition, chant, sexualité,  agriculture, etc).  Cela piquait ma curiosité, donc je suis aller voir sur Internet pour en savoir plus. Tout de suite, je suis tombé sur des photos de tout-nus couverts de bouette... Hein?  En lisant, la description et philosophie de l'événement, j'étais de moins en moins convaincue que je voulais y aller. Ça semblait très "down to earth" et un peu trop hippie pour Christian et moi. Cependant c'était seulement 80$ pour toute la durée du festival (environ une semaine), incluant le camping et les activités. C'est en grosse partie pour cette raison que nous y sommes allés finalement. Nous avons emmené avec nous une de nos amies qui trippe sur ce genre de chose. Nous sommes arrivés sur les lieux à peine une heure avant le décompte de la nouvelle année. Nous étions au milieu de nul part, au fond d'un terrain boisé, dans le "bush" australien. Tout de suite en arrivant, une ambiance particulière se faisait sentir. Tout d'abord, les sons de djembés, qui n'ont jamais cessé. Puis, il y avait les accoutrements hippies, les déguisements de fée, les gens nus qui dansaient au son des djembés et les bracelets lumineux multicolores portés partout... même autour des bijoux de famille des moins jeunes (!). J'étais éprouvée par notre journée sur la route et j'avais du mal à trouver mon compte dans cette étrange ambiance. Le coeur n'était pas à la fête et en cette nuit de nouvel an, on s'est couché tôt. Le lendemain, on a retrouvé nos amis de picking qui étaient au festival et on a erré sur le site, à la recherche d'un emplacement agréable où camper. Sur notre chemin, il y avait plusieurs "villages" avec chacun un thème particulier. Il y avait entre autres le "gay village", le "art village", le "nude village",le "spiritual village", le "families village". Il y avait également des pancartes qui indiquaient "free hugs" devant le campement de certaines personnes. Il y avait des kiosques de bouffe santé, des regroupements de gens qui discutaient à l'ombre assis ou couchés sur des tapis ou coussins et surtout, il y avait la rivière. Il faisait extrêmement chaud (apparamment que durant la durée du festival, la température frôlait le 50 degrés celsius). Heureusement il y avait une plage et une rivière où il était possible de se rafraîchir. Cependant, la grande majorité des gens à la plage était nue. Vieux, jeunes, enfants, de toutes les morphologies et de tout les styles. Je n'avais jamais fréquenté un endroit nudiste auparavant. On a même revus de nos camarades à la plage... nus. C'est toujours bizare et mal à l'aisant la première fois de voir une personne nue, qu'on connait au préalable, surtout lorsqu'on est habillé. À côté de la plage, il y avait un grand trou de boue, creusé directement dans la terre. C'était le fameux bain de boue naturelle, suffisamment grand pour contenir une douzaine de personnes. Non loin de là, il y avait également les seules douches sur les lieux, à aire ouverte dans la nature. Notre amie qui était en plein dans son élément, à enlever ses vêtements et est allée se tremper dans la rivière, tout naturellement. J'aurais aimé en faire autant, mais me mettre à nu devant tout ces gens m'embarassait trop, surtout en compagnie de mes camarades. Christian pensait la même chose aussi. Nous avons passé la majeure partie de cette journée à la plage puisqu'il faisait trop chaud, mais nous étions dans la minorité avec des costumes de bain. L'ambiance était très relax. Des gens qui se faisaient bronzer, des gens qui jouaient de la musique, des gens qui lisaient, des gens qui étaient recouverts de boue, des enfants qui s'amusaient à la plage, des écorces d'eucalyptus qui tombaient tout doucement. Le soir venu, nous sommes allés à la "Silent Disco" et on y a découvert un super concept. À l'entrée de la disco, de gros écouteurs avec des coussinets aux oreilles, nous étaient prêtés. Il y avait un syntoniseur d'ondes et un contrôle pour le volume que nous pouvions régler à notre guise. Au centre de la piste de danse, il y avait 3 DJs qui faisaient chacun un mixte musical particulier. À chaque DJ était attitré un poste d'ondes et une couleur. Avec nos casques d'écoute, nous pouvions syntoniser le poste d'onde, selon la musique que nous avions le goût d'entendre, aussi souvent que nous le désirions. De chaque côté des écouteurs, il y avait une lumière qui affichait la couleur du DJ choisi (vert, bleu ou rouge). Ainsi, plein de gens étaient réunis sur la même piste de danse, malgré des styles et goûts musicaux différents. Il y en avait vraiment pour tous: Électro, R&B/Rap, Disco, Rock'n'Roll, vieux hits rock. C'était vraiment drôle de voir tout le monde groover de façon non-uniforme. Parfois il y avait des phénomènes de regroupement, selon le DJ ou la tune choisis. D'autres fois, il y avait des phénomènes d'influence, c'est-à-dire que les gens changeait leur poste d'écoute pour celui d'une autre personne qui démontrait un grand enthousiaste par rapport à ce qui jouait dans ses oreilles. Ce qui était particulier et vraiment cool, c'est quand on enlevait les écouteurs, on n'entendait que des bruits de pas et quelques légers chantonnements. Ainsi, c'était facile de se parler, on avait seulement à retirer nos écouteurs. Vraiment la "Silent Disco", c'est trop fort! Le lendemain, on est retourné à la plage. À un certain moment, je me suis lassée de ressentir l'inconfort d'être habillée dans cette mare de tout-nus. Donc, hop, j'ai enlevé mon top de maillot et en me voyant faire, Chris a également enlevé ses shorts. C'était presqu'un soulagement. Sérieusement, c'est alors qu'on a vraiment embarqué dans le "mood" du festival et qu'on s'est mis à apprécier notre temps. Je ne me suis pas promenée nue sur toute la surface des lieux comme plusieurs le faisaient (tout peut se faire nu à Confest car à Confest, les vêtements sont optionnels), je m'en suis tenue qu'à la plage. Sincèrement, je suis contente de l'avoir fait, c'était juste naturel d'être comme ça à ce moment là, à prendre du soleil et à se baigner. Je dirais même que le nudisme peut être thérapeutique, si c'est fait dans un endroit propice à ça. On dirait que ça nous fait prendre davantage conscience de notre corps et de nos sens et de ce fait, apprécier plus ce dont la nature nous a pourvus. La nuit tombée, on s'est éclatés une autre fois sur le plancher de danse de la "Silent Disco". Au petit matin, j'étais la seule réveillée, malgré la courte nuit. J'ai décidé d'aller à l'atelier de Qi Gong, curiose de connaître ce que c'était. Nous étions à peine une dizaine de personnes sur place. L'atelier était donné par un homme qui s'est avéré vraiment intéressant, malgré sa sale gueule du matin. Il racontait au fil des exercices, qu'il avait eu un accident de voiture et qu'il avait subit une grave blessure au dos. Les médecins lui disaient qu'il resterait avec des séquelles physiques et qu'il ne pourrait plus s'adonner à certaines activités, dont le surf, qui lui tenait vraiment à coeur. Il s'est donc mis à se renseigner sur des méthodes alternatives de réhabilitation et a découvert le Qi Gong, pratique que les guerriers chinois avait l'habitude de faire spécialement avant un combat. pour renforcir leur corps, leur vitalité et augmenter leur aptitude de guérison. Il s'est donc mis sérieusement au Qi Gong et aujourd'hui, il affirme qu'il peut faire ce qu'il désire, sans avoir de contraintes par rapport à son dos. C'est le genre d'histoire que j'aime. L'atelier durait 2 heures. C'était une série d'exercices physiques et de méditation, dont le but était de créer de l'énergie dans le corps et de la faire circuler. Mon matin était tout simplement wow! Quelle belle façon de débuter une journée! J'ai réellement senti les bienfaits durant les 3 jours qui ont suivi. Je me sentais spécialement zen et sereine, malgré ma grande fatigue. De l'avoir vécu, je crois vraiment que le Qi Gong m'a apporté une nouvelle force et énergie suite aux exercices. C'est à croire que ça se dégageait car dans cette période de 3 jours, j'ai eu quelques commentaires comme quoi j'étais rayonnante.  C'est donc clair que je dois m'adonner au Qi Gong dans un futur rapproché! Cette journée, nous avons fait d'autres ateliers dont un sur la guérison par le son. C'était très particulier. Nous étions environ une cinquantaine de personnes couchées au sol. Puis il y avait deux joueurs de didgeridoo qui circulaient entre les personnes, faisant glisser les sons et vibrations de l'instrument autour de nous. Il y avait un orateur principal qui guidait les pensées vers la relaxation et la force de soi. D'autres personnes circulaient avec des bols chantant, des clochettes, des trucs odorants qui brûlaient, des vaporisateurs d'eau. C'était vraiment facile d'être totalement relax dans cette atmosphère. Quelques personnes ont commencé à chanté, un peu à la façon des indigènes. C'était vraiment beau. Puis de plus en plus de personnes se sont mis à chanter. D'autres se sont mis à rire, d'autres à faire des bruits d'animaux... ça devenait étrange. À un point j'ai décroché, j'étais dérangée par les râlements et grognements de l'homme à côté de moi. Je me suis donc mise à regarder les gens. Il y avait un autre gars qui faisait le bacon, comme s'il était en transe. C'était vraiment un drôle de spectacle, mais très apaisant aussi. À la fin de l'atelier, ils nous ont fait faire un cercle et il fallait se tenir la main. Puis, il fallait "laisser aller sa voix" donc émettre un son. Nous étions 50 personnes debouts en ribambelle à faire des «aaaaaaaaaaaaahhh» et des «oooommmmmhhhhh». Cela a duré 2-3 minutes. Puis soudain, tout le monde s'est tu en même temps. Ça c'était spécial. À la fin de la journée, nous avons terminé les ateliers en beauté par un atelier de couple sur le massage tantrique. Entre les ateliers, nous avons aussi essayé le fameaux bain de bouette... tout-nus. C'était vraiment cool et rafraîchissant en cette chaleur incroyable. En plus, on flottait sur la bouette. C'était vraiment plaisant et on l'a fait plus d'une fois. Nous sommes repartis de notre séjour à Confest totalement zen et relax, avec plein de découvertes et de nouveaux intérêts pour ma part. C'est un événement unique (qui a lieu au jour de l'an et à Pâques à chaque année en Australie), confrotant pour les novices, mais réellement enrichissant quand on laisse tomber certaines de nos barrières. Confest reste à ce jour un de mes moments forts en Australie.

Suite à nos 4 ou 5 jours de festival, nous avons passé une journée à Melbourne avant d'embarquer sur le traversier pour la Tasmanie. Nous avons vu peu de la ville, seulement une partie de Melbourne downtown, mais ce que nous avons vu nous a plu. C'est une ville dynamique qui a du style. Plusieurs bâtiments ont une architecture originale, un côté artistique que nous n'avons pas vu souvent en Australie. Tout coûte cher en Australie, particulièrement dans les grandes villes (est-ce que j'ai dit que c'était cher??), mais étonnament et à mon grand bonheur, les sushis sont pas chers! En ville, c'est la nourriture la moins dispendieuse que nous avons trouvée et bonne en plus! Il a fallu passé 10 heures sur un énorme traversier en mer Tasman pour se rendre en Tasmanie. C'était assez long pour justifier la réservation d'une cabine avec lits et douche, ce qui a rendu le voyage confortable. Une fois en terre tasmanienne, le paysage est très rural et les distances sont beaucoup plus courtes que sur le Mainland. Cela nous a pris environ 4 heures en voiture pour se rendre presqu'à l'extrémité sud de l'île, à partir de l'extrémité nord. Sur le chemin, beaucoup de vert et de vallons, couvert d'un ciel gris. Nous nous sommes aussitôt mis à la recherche d'un job dans le "cherry picking". Nous en avons trouvé un rapidement, à la deuxième ferme sollicitée. Nous nous trouvions à Cygnet, un charmant village, dans le sud-est de la Tasmanie près de la côte. À notre arrivée sur place, le village était bondé, car c'était en plein coeur du festival Folk. C'était un festival d'envergure, mais les spectacles se déroulaient principalement dans des salles et il fallait payer pour y assister (entre 70 et 100$ par personne pour le laisser-passer pour le week-end). Nous ne connaissions pas les bands à l'affiche, donc nous n'avons pas investi dans les laisser-passers.  Il y avait quelques spectacles à l'extérieur et dans les rues, ainsi nous avons tout de même pu entendre de la bonne musique et faire partie de l'ambiance. Nous sommes même tombés sur une artiste québécoise, la chanteuse de folklore Mélisande, qui était en prestation au festival et qui faisait une petite tournée en Tasmanie. Nous avons retrouvé plusieurs de nos camarades de picking de Young, rendu à Cygnet. Il y avait encore beaucoup de québécois dans notre entourage, car là où sont les cerises, les québécois y sont aussi (j'aimerais bien connaître l'origine de ce phénomène). La ferme sur laquelle nous travaillions ne disposait pas de campement ou d'accomodations pour les cueilleurs, comme beaucoup de fermes en Tasmanie. Nous nous sommes donc tentés sur le seul terrain de camping de Cygnet, comme tous les autres backpackers qui se trouvaient sur place pour du travail. La place était bondée. Pour démontrer à quel point le monde est petit, nous avons revu le couple d'Australiennes avec qui nous avions cueilli des pommes à Kelowna au BC l'automne derner, sur le camping de Cygnet. C'était totalement innattendu, car elles ne devaient pas se trouver sur le continent australien à cette période.  Leur plan avait changé et en cours de route, elles ont mis le cap sur la Tasmanie, là où elles n'avaient jamais mis les pieds auparavant. Côté travail, nous avons été chanceux car la ferme qui nous avait engagé fut une des rares fermes en Tasmanie à bien s'en sortir avec la saison de cerises cette année. Nous avons eu du picking décent durant 2 semaines. Je n'avais jamais connu des cerises aussi grosses et goûteuses. Selon moi, les cerises tasmaniennes sont les meilleures et je commence à m'y connaître. C'est difficile de s'en tanner. En travailant à l'extérieur et en vivant dans une tente, nous nous sommes vite aperçu que les conditions météorologiques en Tasmanie sont très instables. D'ailleurs, notre superviseur qui était originaire de ce coin de pays, nous avait donné ce conseil: En Tasmanie, tu dois avoir à portée un manteau, de la crème solaire et un parapluie. En effet, c'est difficile de savoir ce que le ciel mijote. Il est bipolaire, comme l'a si bien décrit une de nos amies. Il peut faire froid et venteux, puis le soleil sort et il frappe vraiment fort, puis les nuages et le vent reviennent et il pleut, puis il fait froid... et ainsi de suite. Lorsque le travail fut terminé, nous avons pris quelques jours de vacances, environ 2 semaines pour visiter une partie de la Tasmanie. Nous avons débuté par Bruny Island, qui était près de Cygnet. C'est une petite île au sud-est de la Tasmanie. Bruny Island a été mon coup de coeur de la Tasmanie, c'est vraiment magnifique. Que de la nature ou presque. On y a vu entre autres des petits pingoins, les "fairy penguins", qui font un pied de hauteur. Ils sont trop chous et rigolos à voir marcher. On ne pouvait les voir qu'à la noirceur, vers 21-22h, lorsqu'ils arrivent de la mer pour regagner leurs terriers sur la plage. Il faut une lampe de poche pour les voir, mais seulement une lampe avec une lumière rouge (la lumière blanche standard d'une lampe de poche les aveugle et peut avoir des effets perturbateurs par rapport à leurs moeurs, apparamment). Nous nous sommes promenés sur Bruny Island, en voiture et à pieds. Nous en avons eu plein la vue: des falaises de roches, des baies turquoises, un phare sur le haut de collines verdoyantes. En plus, la température était dans un très bon mood, durant notre séjour de 3 jours. J'y ai également eu mon initiation à la pêche, la pêche étant très bonne en Tasmanie. On y a également aprêté notre premier calmar. Étonnamment c'est très mignon un calmar, je trouve. Ça ressemble à un petit extra-terrestre, avec ses ailes et ses gros yeux. Toutefois, il arrive souvent qu'ils crachent de l'encre lorsqu'on les sort de l'eau en tirant la ligne, ce qui est moins "cute". Ceux qu'on a vu étaient brun et vert scintillant, mais au fur et à mesure qu'ils mourraient dans la chaudière, il devenaient blanc opaque... pauvres créatures. Après Bruny Island, nous sommes allés à Hobart, la plus grande ville de Tasmanie et la capitale aussi. L'histoire dit qu'Hobart fut la deuxième colonie d'Australie, après Sydney. On est allé au "Mona Museum", qui est un musé d'art au beau milieu d'un vignoble, qui expose la vaste collection (art ancien, moderne et contemporain) d'un milionnaire Tasman. On s'était fait dire que les expositions y étaient spéciales, dans le genre dérangeantes. En effet, je fus dérangée. Chris, lui, fut pas loin du traumatisme. Je ne peux dire si j'ai aimé ou si je n'ai pas aimé. C'est partagé. Sur un des étages, il est recommandé de ne pas y entrer avec des enfants. C'est l'étage de l'art macabre et "gore". Pas trop mon truc. Il y avait également la fameuse machine à caca. En effet, quelqu'un un jour, avait eu l'idée de reproduire le système digestif humain en machine. Dans la machine, il y avait plusieurs bocaux où on pouvait voir les différentes phases de la transformation de nourriture. La machine était nourrie 2 fois par jour, et elle faisait une crotte à chaque jour à la même heure... J'avais déjà vu plus chic. Le pire était l'odeur que tout ça dégageait....uuuuhhhh. Plusieurs pièces d'art portaient en dérision la religion et des faits historiques. Il y avait également des trucs plus légers et joyeux. Certains concepts étaient vraiment originaux et bien pensés. Après réflexion, je crois que j'ai plus aimé que pas aimé. J'ai aussi beaucoup aimé la visite à la microbrasserie affiliée au musé (ils font la "Moo Brew", une des meilleures bières que j'ai goûté en Australie), ainsi que la dégustation de vins au vignoble également affilié. Ensuite, nous avons mis le cap vers la péninsule de Tasman, à l'Est. On voulait aller visiter entre autres Port Arthur, qui est une ancienne colonie pénitentiaire, active de 1830 à 1877. Paraît que c'était la prison la plus redoutée de tout l'empire Britannique à l'époque. Quand nous sommes arrivés dans les alentours de Port Arthur, il faisait déjà nuit et il pleuvait. On avait passés les 2 derniers jours complets dans la petite tente (notre tente de route) et on en avait marre. On a donc décidé de louer une cabine pour la nuit. Finalement notre cabine s'est plutôt avérée être une petite maison avec salon, cuisine équipée (avec un petit four!), chambre à coucher avec lit confortable et une salle de bain. Le plus beau: il y avait un foyer dans le salon. C'était décoré comme une maison de grands-parents. C'était réconfortant. Quand on s'est levés le lendemain matin, il pleuvait comme il pleut en Tasmanie, c'est-à-dire pas mal. Ce n'était donc pas une bonne journée pour visiter Port Arthur. On a décidé de louer la cabine pour une journée de plus vue les circonstances, mais aussi parce qu'on était bien. On pouvait passer une journée tranquille à la maison, à cuisiner, regarder la télévision, tout en faisant un feu dans le foyer. Ça faisait longtemps pour nous et on l'a réellement apprécié. La journée suivante, nous sommes allés visiter le site historique de Port Arthur. Le site est sur le bord de la mer et il y a plusieurs anciens bâtiments de la colonie, la plupart maintenant en ruine en raison d'incendies. J'ai trouvé cela intéressant. Il y avait beaucoup d'information, trop pour ce que je pouvais assimiler en une journée. Pour ceux qui aiment l'histoire, c'est à voir. J'ai appris que beaucoup des détenus expatriés en Australie par l'Angleterre, n'étaient pas nécessairement de vrais criminels. À cette époque, il y avait une crise économique et une famine en Europe. Beaucoup de gens avaient du mal à survivre et devaient voler pour y parvenir, risquant de se faire déporter en Australie pour avoir voler un pain. Souvent, les sentences et les temps de détention étaient prolongés, pour des supposées offences telles avoir répondu de façon irrespéctueuse à un garde. En réalité, c'était du "cheap labor" pour l'Empire Britannique, puisque les détenus fabriquaient plusieurs produits comme des souliers et travaillaient dans des mines de charbon. C'était la vie dure. On comptait beaucoup d'Anglais dans les prisonniers, mais aussi des Irlandais et même quelques "French Canadians" fervents du mouvement des Patriotes. Il y avait aussi une prison de garçons. Le plus jeune détenu avait neuf ans et avait été condamné pour avoir volé des jouets (!). L'histoire de l'Australie est grandement marquée par la déportation de forçats d'Europe. C'est comme ça que ses terres se sont peuplées. Il y avait également des gens libres qui décidaient de leur plein gré de s'y établir ainsi que des soldats qui désservaient la couronne britannique, mais c'était principalement les détenus qui peuplaient les premières colonies. L'arrivée des "convicts" (détenus en anglais) empreigne l'ambiance en Tasmanie où il y a plusieurs références aux "convicts". C'est drôle parce que si on regarde aujourd'hui comment l'Australie s'en tire sur le plan mondial, on pourrait dire que c'est pas mal pour une bande de bandits... Nous avons conclut notre séjour en Tasmanie par 2-3 jours dans un festival, le "Jackey Marsh Forest Festval". Jackey Marsh est une vallée au nord, à la base du "Tasmanian Wilderness World Heritage Area". L'endroit conserve un héritage naturel significatif. Beaucoup d'efforts sont mis en place pour que le paysage maintienne les caractéristiques de l'Australie rurale du 19ième siècle. Il n'y a pas de lignes électriques ni d'agriculture intensive qui y est pratiquée. Tous les habitants de la vallée utilisent des sources d'énergie alternatives pour leurs besoins domestiques. Deux fois par année, un festival est tenu dans la vallée de Jackey Marsh pour célébrer et promouvoir la nature et les valeurs pour la conserver.  Une fois sur place, nous étions étonnés du peu de monde qu'il y avait. Toutefois, on s'est fait dire que tout est de petite envergure en Tasmanie. S'il y a 10 personnes à un événement, l'événement en question est un succès. Nous étions tout de même quelques centaines, mais comparativement à Confest... c'était autre chose. Il y avait des spectacles de musique et quelques ateliers. Il y avait également plusieurs randonnés organisées dans la nature environnante. Il y avait beaucoup de belles activités pour les enfants, ainsi l'ambiance était très familiale. Le premier bon show auquel nous avons assisté était Guthrie, un duo de Tasmanie. J'ai trouvé cocasse quand le chanteur a annoncé de sa voix rock ténébreuse: "This song is about convicts and shit". Nous avons découvert de bons groupes australiens durant ce festival tels "Mista Savona", "Bombay Royale", " The Woohoo Review". Ils étaient tous un à la suite de l'autre durant la grosse soirée du samedi. On a dansé et on s'est bien amusé durant le spectacle. Pour le reste du festival, c'était ordinaire, la musique ne rejoignait pas toujours nos goûts et les ateliers étaient plus ou moins bien montés (du moins ceux auquel j'ai assisté).  Toutefois, l'endroit était superbe. C'est dans une tempête de vent et pluie que nous avons quitté le Jackey Marsh Forest Festival pour aller vers Devonport, prendre le traversier pour regagner le Mainland.

Entre 2 plages sur Bruny Island. Celle à gauche était l'habitat de plusieurs "fairy penguins".

Point de vue durant une randonnée sur Bruny Island.

Off road toujours sur Bruny Island, le lit  attaché sur le toit de notre voiture.

Le traversier qui fait la navette entre Melbourne et la Tasmanie.

Les vacances étaient terminées et nos porte-feuilles nous faisaient comprendre qu'il était temps de se trouver un autre boulot. Le temps des vandanges approchait. Notre première idée était d'aller dans le South Australia, là où il y a plus de la moitié de la production vinicole australienne. Nous voulions mettre le cap vers Coonawarra valley ou Barossa valley, qui sont des régions réputées pour le vin, afin de trouver un travail dans un vignoble. Pour s'y rendre, nous avons fait un détour pour passer par la "Great Ocean Road". Selon moi, le détour en a valu la peine. On a vu des paysages splendides tout le long. J'aime beaucoup la couleur de l'océan en Australie. Sur la côte, l'eau est d'un bleu turquoise profond. On a aussi eu la chance de voir des koalas! Il sont tellement mignons et fluffy. On avait juste envie d'en serrer un dans nos bras et de faire la sieste avec eux. Une fois arrivés aux alentours de   Coonawarra valley, à Penola plus précisément, on s'est rendu compte que l'endroit était vraiment moche. De plus, il n'y avait pas de boulot dans la cueillette de raisins qui s'annonçait dans un court délais, ni tout autre boulots décents. Sur Internet, nous avions vu une annonce qui disait qu'une agence à Margaret River cherchait 250 cueilleurs de raisins. Margaret River était complètement à l'autre bout du pays, dans le sud du Western Australia. Néanmoins, nous considérions de plus en plus cette possibilité. Nous avons téléphoné à l'agence pour vérifier si l'annonce était toujours à jour, avant d'amorcer un 3-4 jours de plus en voiture. On nous a répondu que l'agence engageait depuis quelques jours ainsi que dans les jours à venir. De plus, c'était du travail payé à la quantité ("piece work") et non à l'heure. C'était le genre de boulot qu'on cherchait puisque normalement nous faisions plus d'argent de cette façon dans le "fruit picking". Ainsi donc, nous avons pris la direction de Margaret River, qui était à 3 200 km d'où on repartait. Faire de la longue route, ça use. D'autant plus que notre char était plein à craquer.  À Young, on s'était acheté un vrai matelas de lit en foam, vraiment confortable (c'est important de bien dormir et de ménager son corps, particulièrement en travaillant dans le "fruit picking"). On aime beaucoup notre lit et on ne regrette pas notre achat. Toutefois, il nous embête quand on fait de la route car il prend tout l'espace dans notre voiture... Un beau côté à l'Australie est qu'il y a de nombreux rest area sur les routes, où il est permis d'installer une tente pour la nuit, ainsi que des barbecues électriques pour cuisiner. Vraiment pratique sur un road trip. Nous voulions arriver à Margaret River le plus rapidement possible, pour s'assurer d'un job dans le picking de raisins. Ainsi nous roulions toute la journée, jusqu'à la tombée de la noirceur où on s'arrêtait à un rest area et y installait notre tente pour la nuit. Le matin on remballait le tout et reprenait la route. Un de ces matins, dans le South Australia, nous n'avons pas remarqué l'affiche qui annonçait que la prochaine station service était à plus de 200 km... nous venions juste de nous réveiller et nos sens n'étaient pas encore à leur pleine efficacité. De plus, nous ne connaissions pas encore bien la course de l'aiguille qui indique le niveau d'essence... Elle fait un sprint rendue au dernier quart.   On ne le savait pas encore, mais la veille avant de s'arrêter, on venait d'entrer dans les plaines du Nullarbor. Il s'agit de terres arides ou semi-arides, avec peu ou pas d'arbre, peu ou pas d'habitants , qui s'étend sur 1100 km entre le South Australia et le Western Australia.   Christian et moi on se disait: «Hey, tu trouves pas que ça ressemble à Compton?» C'était notre running gag en Australie à chaque fois qu'on arrivait dans un nouveau décor. Puis notre lumière pour indiquer que le niveau d'essence est très bas s'est allumée. Puis, on a vu sur un panneau d'indication que le prochain village, qui était plutôt la frontière entre le South Australia et le Western Australia (WA), était à 120 km... On s'est alors dit qu'il était certain que nous alions manquer d'essence avant d'atteindre la prochaine station service, et que le sachant d'avance, ça ne servait à rien de paniquer... même si on se trouvait dans un désert et que nous n'avions pas croisé une voiture depuis le début de la journée. Au moins on avait de l'eau et il était tôt donc il ne faisait pas encore super chaud...  Notre char s'est arrêté à 60 km avant d'atteindre la frontière du WA.  On voulait crier notre besoin sur une pancarte et l'afficher aux rares passants. On avait un marqueur, mais étonamment pas de cartons. Ainsi nous avons écrit: "Help, we need gaz", en gros feutre rouge sur notre plus grande planche à couper les légumes. Nous étions au milieu de nulle part, mais du moins les passants étaient entraidants. Toutes les voitures ce sont arrêtées pour nous offrir de l'aide, quoique dans un désert, c'est la moindre des choses selon moi. Il a fallu 30 minutes pour qu'un gentil homme nous offre ce dont nous avions besoin. Il nous a donné un bidon de 5 litres d'essence. Nous avons pu nous rendre de justesse à la prochaine station service. En fait, nous avons fait les 500 derniers mètres sur le neutre pour nous arrêter tout juste à côté de la pompe. Ouf! C'est beau la chance!  Cela a ajouté un peu de "thrill" sur notre long chemin. Néanmoins on ne poussera pas notre chance et on ne le refera pas. À la pompe en question, le prix de l'essence était à près de 2$ le litre. Damn! Ce n'était qu'un début. Bienvenue dans l'Outback!  Aussitôt la frontière du WA traversée, on s'est mis à ressentir la vraie chaleur. C'était donc là qu'elle se trouvait.  Jusqu'alors, j'avais eu plus souvent froid que chaud en Australie.  Mais là l'air était pesant. Finalement on a fini par arriver à Margaret River. On s'est aussitôt présentés à l'agence en question... pour se faire dire  qu'ils venaient d'engager tous les cueilleurs dont ils avaient besoin pour le moment. Néanmoins, on pouvait s'inscrire sur une liste de rappel ou se présenter très tôt le matin, si jamais certaines personnes ne se présentaient pas comme prévu.  Nous avons retrouvé un couple d'amis qui travaillait à cette agence (PC et Marie!). Ils nous disaient que ce n'était pas la grosse affaire, car il y avait tellement de personnes engagées qu'au bout du compte ils ne travaillaient que 2-3 heures par jour puisque les champs se vidaient vraiment vite. C'était quand même mieux que de ne pas travailler du tout, en attendant de trouver autre chose... On s'est présentés les matins qui ont suivi, se levant à 3h30 du matin pour être à l'agence vers 4h00-4h30 a.m. C'était ridicule. Nous étions au moins une cinquantaine de backpackers à attendre, en espérant obtenir du boulot. À chaque fois on revenait bredouille.  J'ai finalement travaillé 2 jours pour l'agence, grâce à notre couple d'amis qui m'ont aidé à entrer dans la crew.  J'ai alors constaté que c'était du gros caca, même si j'avais été avertie au préalable. La job de picking n'est pas si mal en tant que telle, mais l'organisation était à chier. Tout était fait en sorte que l'agence fasse beaucoup d'argent, mais pas les cueilleurs. Ils nous faisait perdre tellement de temps, alors que dans ce genre de travail, le temps c'est de l'argent. J'étais outrée de devoir me lever à 4h00 du matin alors qu'en réalité on ne commençait pas avant 6h30, pour finir vers 8h30-9h00. De plus, ils baissaient le prix payé par "bucket" cueilli, lorsqu' arrivait le temps de nous payer. C'était une sorte de système d'exploitation de backpackers. Néanmoins, il y avait tellement de backpackers en quête de travail sur place, qu'ils n'avaient aucune difficulté à trouver de la main d'oeuvre. Ce qui est dommage est que 90% des vignobles de la région, et il y en a beaucoup à Margaret River, font affaire avec ce type d'agence.  Margaret River était bondée de Français. J'avais l'impression que la population de Français surpassait celle des Australiens. Si là où sont les cerises sont les québécois, et bien là où sont les raisins sont les Français.  Nous sommes allés nous présenter dans les vignobles indépendants pour offrir nos services,mais nous étions alors tard dans la saison. Nous avons passé deux semaines à Margaret River, en espérant avoir un retour d'appel pour du travail.  Notre séjour y fut tout de même agréable car c'est un très bel endroit. En plus des nombreux vignobles, il y a plusieurs belles plages naturelles. Apparamment, c'est un paradis pour les surfeurs. Toutefois, notre séjour aurait été plus agréable si on y avait trouvé ce qu'on recherchait avant tout: un boulot.  Durant ces deux semaines, nous sommes restés sur un terrrain de camping. L'endroit était bien, il y avait plein d'oiseaux et les accomodations étaient décentes.  Par contre, on s'y est fait envahir par les fourmis. Elles ont pris notre voiture (notre garde-manger) en possession et il a fallu procéder à plusieurs exterminations. C'est à ce camping que nous avons pu voir de près nos premiers kangourous, après 4 mois en terre australienne. On avait vu des wallabys en Tasmanie, qui sont apparentés aux kangourous, mais ce n'est pas la même chose. On avait vu également beaucoup de kangourous morts sur le bord de la route en traversant le pays. Le nombre était assez incroyable. Dans le Nullarbor, ça sentait le kangourou mort... je peux rapidement identifier cette odeur dorénavant. Bref, j'étais vraiment contente de voir des kangourous en action. Il y avait 2 familles qui venaient brouter l'herbe au camping en soirée. Il y avait de jeunes kangourous, dont un toujours dans la poche de sa maman. Ils sont si beaux et particuliers avec leurs pattes arrières massives et leurs toutes petites pattes avants. Un kangourou qui se gratte, c'est très drôle. On pouvait les observer de près, mais pas trop car il y avait dans le tas un gros mâle aggressif et tout en muscle. Ça peut être violent un kangourou... Ainsi, deux semaines ont passé et il y n'y avait toujours pas de job qui se présentait à nous. On s'est donc résigner à cueillir des poires à Donnybrook, car le fossé monétaire était de plus en plus profond. Même si on ne faisait rien d'extravagant, juste vivre faisait disparaître l'argent gagnée au préalable et le trajet nous avait ruiné avec le coût de l'essence. J'étais loin d'être enthousiaste à l'idée de cueillir des poires. Moi qui avait détesté cueillir des pommes, on me disait que les poires étaient encore pires... Mais rendu à ce point, nous n'avions pu le choix. On s'était fait engagés avec notre couple d'amis à une petite ferme qui cultivait des poires, des melons et des citrouilles.  La ferme était nouvellement prise en charge par un jeune couple bien gentil et nous pouvions vivre à même la ferme, ce qui était un avantage puisqu'ils n'y avait pas d'accommodations décentes et abordables à Donnybrook.  Le picking de poires était réellement difficile, du fait que les poires sont lourdes, les branches grafignent en masse et qu'il y a souvent des nids de guêpes dans les poiriers.  Le plus difficile était la chaleur intense. Le soleil était ardent.  Avant d'aller dans le WA, je n'avait jamais vu au ciel aussi bleu. Pas un nuage. Durant nos six semaines dans le sud-ouest australien, nous n'avons pratiquement pas eu de pluie, à peine une heure de légère pluie.  On appréciait la belle température, mais c'était vraiment difficile de travailler à l'extérieur, à près de 40 degrés celsius. On suait nos vies. Il fallait prendre une pause de 12h00 à 16h00 car c'était presqu' inhumain de travailler dans cette chaleur incoyable. Ainsi nous travaillions la majorité du temps de 6h à midi, puis reprenions à 16h00 jusqu'à ce que le soleil se couche, vers 19h00. Les journées étaient longues. On gagnait des sous, mais ce n'était pas la grosse affaire. Jusqu'alors, c'était le travail le plus difficile que j'avais fait de ma vie. Je m'encourageais en me disant que c'était bon pour la force personnelle de connaître ce que c'était le travail vraiment dur, au moins une fois dans sa vie. J'ai aussi développer une tendinite à chaque poignet en cueillant les poires.... ça c'est moins bon. Ce fut une période difficile, la plus difficile en Australie.  Nous étions en plein dans le mois de mars et il a fallu se rendre à l'évidence que nous n'avions pas les ressources financières pour faire notre voyage en Asie, tel que nous l'avions imaginé au départ.  Notre plan initial était de voyager en Asie du Sud-Est de mars à juillet, ce qui allait être le summum de notre périple.  Nous étions alors à la mi-mars et les circonstances antérieures avaient fait en sorte que cela était maintenant devenu irréaliste. Ça n'aidait pas au moral. Puis j'ai appris que l'état de santé de mon chat se dégradait. Juste avant de partir, le vétérinaire m'avait appris qu'il était atteint d'une insuffisance rénale chronique (condition qui se précise chez les chats seulement lorsque 70% des reins est atteint apparamment)... Mon chat était alors rendu à un stade où les malaises devenaient de plus en plus importants et souffrants. Il a fallu abréger ses souffrances et le faire euthanasier. J'étais triste de la nouvelle et surtout de ne pas être présente dans les derniers moments de vie de mon chat, alors que lui m'avait suivi tout au long des 10 dernières années, période plutôt mouvementée dans ma vie de jeune adulte.  Ce qui me réconfortait était qu'il avait été entre de très bonne mains durant cette dernière période de vie (Énorme merci à Martine, je ne pouvais trouver meilleure personne pour garder mon Kao). Repose en paix mon mimine, Kao de son vrai nom.   Avec la mort de mon chat, j'avais le sentiment qu'il n'y avait plus grand chose qui me forçait à revenir dans le délais d'un an établi au départ... autre que ma place en tant qu'ergothérapeute dans l'établissement où je travaillais avant de partir depuis 3 ans.  Il avait été convenu avec mon employeur que j'allais être sur la liste de rappel suite à mon congé sans solde. Ainsi il n'y avait pas de travail assuré pour moi à mon retour.  J'étais en train de réaliser ce dont je rêvais depuis des années et m'imaginais mal revenir sans avoir  fait mon voyage en Asie du Sud-Est... pour une job. J'avais mis beaucoup d'efforts dans la réalisation de ce projet et c'était maintenant ou jamais.  J'ai discuté de mon tracas avec mon chéri et l'idée de prolonger l'aventure (travailler plus longtemps en Australie pour réaliser le trip en Asie) nous tentait de plus en plus. Chris avait cependant 2 engagements importants: son chien et son cours de charpenterie-menuiserie en août 2012.  Son chien, Luna, était alors gardée par un couple d'amis au BC et on ne pouvait leur demander de la garder plus longtemps.  Cependant, les anges que Chris a comme parents ont accepté de la garder jusqu'à notre retour (un gros merci à Marilyn et Martin pour la garde de Luna et gros bisoux à Monique et Réjean qui ont pris la relève).  Puis, il a été possible que Chris reporte son entrée pour son cours à la session suivante.  J'aime croire que c'était la bonne chose à faire car finalement tout s'est placé de façon à ce que nous puissions procéder à notre nouveau plan ... à l'exception de ma job antérieure qui est compromise.  La convention syndicale dit qu'une employée comme moi ne peut avoir un congé sans solde de plus d'un an (la convention c'est la convention).  Qu'à cela ne tienne,  j'aime croire qu'il vaut mieux suivre son coeur et que la vie fait habituellement bien les choses...

The 12 Apostles sur la Great Ocean Road, Victoria
Un Koala qui fait la sieste
Coucher de soleil quelque part dans le South Australia
Les panneaux dans les Plaines du Nullarbor
Durant notre panne d'essence, dans le Nullarbor

Une des belles plages de Margaret River
Le picking de poires à Donnybrook

Notre contrat de poires est arrivé à sa fin après environ 3 semaines de dure labeur. Nous avons eu droit à un barbecue-festin préparé par les propriétaires de la ferme, qui démontrait bien leurs origines italiennes.  Nous étions loin des hot-dogs de Young.  Durant notre séjour à Donnybrook, nous avons également retrouvé notre ami kiwi-australien, Jason, avec qui nous avions également cueilli des pommes à Kelowna l'automne dernier. Il s'est avéré que la ferme sur laquelle nous cueillions des poires se trouvait à 10 minutes d'où il habitait. Un autre exemple que c'est un bien petit monde.  Il vivait à côté d'un lac  privé plein de marrons. Les marrons sont une sorte d'homard d'eau douce et on ne les trouve que dans le sud-ouest de l'Australie.  C'est délicieux, mais ça se vend à un prix de fou sur le marché.  Grâce à Jason, nous avons pu goûté à ces fameaux marrons gratos! Nous nous sommes régalés! Merci Jason! Nous avons également revu un autre de mes amis Australien, Steen, que j'avais rencontré à Montréal dans le temps de mes études. Il nous a accueilli chez lui, en banlieu de Perth, le temps d'un week-end. Steen s'est avéré être un  hôte et un guide très généreux et dévoué. Ils nous a amené à plein d'endroits intéressants et magnifiques. Nous sommes allés dans les clubs de Perth le soir de la St-Patrick. On ne le savait pas mais la seule pièce d'identité acceptée dans les bars pour les touristes est le passeport... On n'avait pas amené nos précieux passeports avec nous, ainsi un seul  bar a bien voulu nous laisser entrer,  le genre de bar où on n'aurait probablement pas mis les pieds s'il avait été autrement. Steen nous a aussi amener faire du " sandboard" sur les dunes de sable blanc à Lancelin, visiter le désert des Pinnacles reconnus pour ses formations de calcaire qui surgissent du sable et déguster une bonne Little Creatures (une de nos bières préférées en Australie) à la méga brasserie qui la concocte à Fremantle. Tout ça en 2 jours. Un gros merci à Steen pour ce beau week-end!  Une des choses qui m'a étonnée était la petitesse de Perth, je m'attendais à une plus grosse ville, pour la capitale du Western Australia. De loin, on voit 4-5 gros bâtiments et ça, c'est Perth.  Il y a tout de même 1,7 millions de gens qui y vivent, ce qui fait la 4ième ville la plus peuplée d'Australie. Nous étions alors sur la fin de notre séjour dans le WA. Nous avons vraiment trouvé cette partie du pays splendide. Les paysages sont variés, les couleurs sont vivent et la température exceptionnelle (du moins durant la période où nous y étions). Nous n'avons vu que la partie sud de cet immense état et apparament que la partie nord est encore plus belle.

Steen et Chris durant l'activité de sandboard à Lancelin

Petit arrêt à Esperance, sur la route vers Gayndah. Moi avec un jeune kangourou peu farouche.


Nous avons hésité un moment à quitter le WA.  Nous voulions trouvé un bon plan pour le travail. Il y avait le picking de pommes  à venir dans le WA, mais la durée était courte pour chacune des variétés de pommes et cela demandait à ce que nous changions souvent de ferme. Nous n'avions pas de contacts et les accomodations pour travailleurs étaient rares dans la région. Nous avions déjà fait une tournée des fermes de pommes dans le secteur de Donnybrook, et la plupart des fermiers avaient une liste d'attente tellement les backbackers étaient nombreaux dans le secteur cette année, ce qui était inhabituel (les innondations sur la côte Est ont probablement causé la déportation des backbackeurs vers l'Ouest).  Notre autre plan était de faire la saison de mandarine dans le Queensland. Plusieurs de nos amis qui l'avaient fait auparavant nous disaient que c'était pas mal payant. De plus, nous avions travaillé avec des Français durant le temps des poires, qui eux avaient travaillé à une bonne ferme d'agrumes l'an passé, ferme qui offrait de bonnes accomodations pour seulement 3 $ par jour.  Ils nous ont refilé le contact, ce qui nous offrait une belle option. La saison de mandarine dure généralement d'avril à août. Cela concordait bien à notre nouveau plan: travailler 4 mois de plus en Australie pour voyager 4 mois en Asie du Sud-Est, avant de rentrer au Québec à temps pour passer le temps des Fêtes avec la famille et les amis.  Cueillir des mandarines me rendait un peu craintive. J'avais souvent reçu comme commentaire des gens qui l'avaient fait auparavant que c'était difficile.  On m'avait dit que c'était lourd (plus le fruit est petit, plus le sac est plein, donc c'est plus lourd à porter) et que les arbres étaient remplis d'épines et de grosses araignées (mais non-dangereuses). Néanmoins j'avais fait les poires, donc j'étais maintenant une tough une dure.  En plus de m'endurcir à tous les niveaux, la saison de poires m'avait également permis de gagner plus d'assurance et de rapidité avec mon échelle. Je me considérais depuis comme une cueilleuse décente et me sentais capable de faire le picking de mandarine. Néanmoins, nous hésitions aussi en raison de la température, car nous entendions aux nouvelles que la côte Est du pays avait subit d'importantes innondations. Nous craignions de quitter la parfaite température du WA pour aller se faire noyer à l'autre bout du pays. Toutefois, on entendait aussi que la saison des pluies tirait sur sa fin. Ainsi, nous avons finalement pris la décision de mettre le cap vers Gayndah, dans le Queensland, là où il y a beaucoup de fermes de mandarine. Gayndah s'avérait être le meilleur plan pour gagner et économiser de l'argent, si nous réussissions à trouver un bon job. Le timing était parfait et nous avions quelques références.  Cela impliquait  retraverser l'Australie une deuxième fois, soit faire une semaine sur la route.    Quelques jours avant notre départ, nous avons reçu un appel d'un vignoble à Margaret River qui nous offrait quelques jours de travail par-ci par-là dans les semaines à venir. Ce n'était rien de stable et constant. Nous y avons travaillé 2 jours, afin de payer une bonne partie de l'essence nécessaire pour nous rendre à Gayndah (4600 km à faire). Nous y avons fait un peu de picking de raisins et surtout du tri de raisins. Le picking allait bien, mais le tri de raisins c'est encore pire que le tri de cerises.  Cela se passait comme suit: Après avoir passé dans une machine qui détache les raisins de la grappe, les raisins étaient étalés sur une table vibrante, qui faisait bouger les fruits tout en conservant le jus, vers une autre machine. Nous étions une dizaine de personnes debouts autour de la table vibrante et nous devions enlever tout ce qui n'était pas bon pour le vin, en majorité ce qui était vert comme les bouts de feuille ou de grappe qui restaient, mais aussi des coquerelles, des escargots, des araignées, des abeilles... Il y avait des raisins cueillis à la main et des raisins cueillis à la machine. Les raisins cueillis à la main étaient généralement propres, on y retrouvait habituellement que des escargots ou des coquerelles une fois dispersés. Par contre, dans les raisins cueillis à la machine, on retrouvait toutes sortes de choses, dont des grenouilles mortes et même un rat. Cibler les mauvais trucs alors que tout vibre était particulièrement dérangeant pour les yeux. Impossible de focuser à long-terme.  Depuis cette expérience, je soupçonne qu'il y ait un petit pourcentage de jus d'escargot dans le vin, car les escargots ne sont pas toujours évidents à identifier dans cet environnement vibrant. Ils ont une texture et une couleur semblables à celles des raisins sans peau.... Cheers! 

Nous sommes présentement à Gayndah depuis la fin mars. Nous avons trouvé un bon boulot  dès notre arrivée, à la ferme d'agrumes avec les accomodations à 3$/jour. C'est de loin le meilleur campement que j'ai connu, de tous mes boulots sur des fermes depuis la dernière année. Nous y sommes bien installés, bien traités et travaillons fort pour réaliser notre voyage en Asie du Sud-Est.  Un blog sur notre réalité à Gayndah suivra prochainement.  Ce blog sera définitivement plus court que celui-ci (j'espère ne pas vous avoir perdu...), car sincèrement il ne se passe pas grand chose à Gayndah... À bientôt!




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