lundi 8 octobre 2012

Ça commence à Bali

Enfin, notre aventure sud-est asiatique est entamée. Depuis trop longtemps qu'on l'attendait celle-là. C'est pas comme si on n'avait pas travaillé pour... Beaucoup d'énergie et d'espoirs mis en ce projet.  J'aimerais ici faire une petite récapitulation, expliquer brièvement la mise en place et la concrétisation de ce projet, puisque cela fera plus d'un an que nous avons quitté notre vie au Québec. En fait, il fera plus de 15 mois que nous sommes sur notre trotte vers le bout du monde.
 
 
Tout d'abord, penser à «quitter sa vie» aussi longtemps implique beaucoup de préparation, à plein de niveaux. Au premier niveau: les biens matériels. Quoi faire de toutes ces choses accumulées au fil des années? Pour ma part, c'était une belle occasion de faire le tri des trucs alors considérés nécessaires et non-nécessaires. Gageons, que cette exercice sera à refaire à mon retour et que ce jugement sera plus sévère après avoir vécu plus d'un an en camping ou en «backpacker». Avant de partir, il est inévitable de se départir de certaines choses, ce qui constitue les premiers détachements des biens matériels.  De toute évidence, posséder peu au départ simplifie cette étape. Deuxième niveau: la santé. On n'en a qu'une et il faut en prendre soin.  Ainsi, quelques rendez-vous chez le médecin et à la pharmacie s'imposent. Ce n'est pas toujours évident de prévoir tous les petits bobos et maladies qui peuvent survenir dans une période aussi prolongée, particulièrement dans des pays où les conditions ambiantes et sanitaires sont au-delà de ce qu'on peut s'imaginer dans le confort de notre salon. Ainsi, il faut prévoir un bon espace dans le sac-à-dos pour la trousse de premiers soins et de médicaments bien remplie. Il faut également voir au niveau des assurances voyage et de maladie, pour éviter de débourser les frais complets des soins qui pourraient se présenter et qui peuvent être astronomiques. Le choix d'une telle assurance peut être un casse-tête, mais c'est essentiel. C'est aussi important de savoir les critères d'égibilité au régime d'assurance maladie de sa contrée. Par exemple, la Régie d'assurance maladie du Québec exige que pour être éligible, toute personne établie au Québec doit y être présente plus de la moitié de l'année.  Précisément, il faut totaliser moins de 183 jours d'absence dans une même année civile. Néanmoins, il est possible de bénéficier d'une exception tous les 7 ans! Si nous prenons notre exemple, puisque nous avons quitté le Québec au début du mois de juillet 2011, nous sommes bons pour revenir qu'à la fin de juin 2013... si les choses restent comme telles dans notre Québec en émoi.  Troisième niveau: le travail. Vivre pour travailler ou travailler pour vivre? Certains milieux offrent des arrangements tels les congés différés ainsi que les congés sans solde, permettant au travailleur de vivre son rêve de voyage. Personnellement, mon voyage de rêve dépassait les délais accordés par de tels arrangements avec mon employeur. Je n'ai eu le choix de quitter mon emploi en cours de route pour satisfaire mon coeur et mon ambition. Le problème avec le voyage, c'est qu'on n'en a jamais assez et que la liste d'idées s'allonge sans cesse. Ainsi, avant de faire le "move", vaut mieux s'intérroger sur l'importance et la valeur de son travail dans sa vie. C'est ce qui arrête plusieurs personnes à entreprendre une telle aventure. Néanmoins, lorsque le projet est lancé et vécu, la majorité des personnes ayant eu à faire ce choix sont heureux de l'avoir fait.  Quatrième niveau: le budget. Évidemment, ce niveau est étroitement lié au niveau du travail. Il est bon de se rappeler qu'il existe toutes formes de voyage pour toutes sortes de budget. Toutefois, il faut un minimum et planifier quelques sous pour les imprévus. À cet égard, une carte de crédit est un bon atout. Personnellement, j'avais quelques économies, mais trop peu pour l'itinéraire et la durée prévue. Convaincue que c'était un bon moment dans ma vie pour réaliser ce projet, je me voyais difficilement attendre une année de plus afin de fournir davantage mon porte-feuille. Ainsi donc, travailler à l'étranger devait faire partie de l'aventure... pour le meilleur et pour le pire! Enfin, le dernier niveau et un des plus difficiles: s'éloigner de ses proches pour un temps. C'est jamais facile à faire et il faut vivre avec l'inquiétude que cela cause. Autant celle que nous leur causons, que celle qu'ils nous causent à distance,  ainsi que le sentiment d'impuissance qui vient avec. C'est aussi d'accepter de manquer des événements importants dans la vie de nos amis et famille et dans l'autre sens, manquer leur présence durant certains événements marquants pour soi lors de cette période. Heureusement, nous vivons désormais dans un ère où la communication est souvent à portée de main presque partout dans le monde. Ah et j'oubliais... LA question: partir seul ou accompagné? À mon avis, trouver le bon compagnon de voyage relève du défi. Pas évident de trouver la personne qu'on sera capable de tolérer et vice versa, pratiquement 24h/24, 7 jours/7. On a beau partir avec notre meilleur(e) ami(e), mais en voyage il arrive qu'on ait souvent envie de se déchirer au bout de 2 semaines... Pas évident également de trouver la personne qui ait les mêmes objectifs, intérêts et budget de voyage. Partir en couple est selon moi l'idéal si on est prêts à relever ce grand défi relationnel. Sinon, partir seul est probablement plus réaliste pour les longs voyages (je ne l'ai pas vécu, mais j'ai rencontré plusieurs personnes qui l'ont fait).  Ce qui est certain, c'est que ça prend une bonne dose de courage, car être à l'autre bout du monde, face à soit même, ça peut être flippant.  Néanmoins, ça représente un sacré défi personnel. De plus, vie de voyage = vie de rencontre. Ainsi, il n'est pas rare de rencontrer des gens formidables et de se joindre à d'autres individus en cours de route. Une fois les préparatifs aux niveaux personnels complétés, reste à voir les formalités et conditions pour entrer/travailler en pays étrangers. Cela peut se faire en un clin d'oeil comme cela peut être laborieux, dépendamment des pays choisis et ce qu'on planifie y faire.
 

 
Ainsi donc, après plusieurs années de rêveries, une année de préparation, un peu plus d'une année de vadrouille entre le Canada et l'Asie du Sud-Est en passant par l'Australie, plusieurs mois à s'endurcir la couenne sur du travail de ferme, plusieurs changements de plans au déroulement du périple, plusieurs changements de cap au parcours de la vie,  nous voici maintenant à la dernière étape du voyage: profiter de la vie en Asie du Sud-Est. L'étape ultime, le fil conducteur de tous ces efforts. C'est en Indonésie que cela a débuté. En fait, c'est principalement pour des raisons rationnelles et pratiques que nous nous sommes retrouvés à Bali (oui oui). On avait un copain qui était allé voir une dentiste dans ce coin, qui offrait des services très professionnels et peu dispendieux si l'on compare aux prix au Canada (sur place nous avons appris que cette dentiste en question est décédée quelques semaines précédent le rendez-vous de Christian, mais du moins remplacée par un autre dentiste) . Christian nécessitait quelques soins dentaires et nous avons considéré que c'était une belle opportunité.  Considérant la situation géographique,  en partant de l'Australie, Bali était sur notre chemin pour où nous voulions nous rendre. Ce n'était pas prévu à l'itinéraire au départ.  Bon... j'avoue que j'étais contente que Chris nécessite voir un dentiste, parce qu'on ne se fera pas d'histoires... Bali ça fait rêver quand on n'y a jamais mis les pieds! Ainsi donc, nous avons pris un vol de 6 heures à partir de Sydney avec la compagnie australienne Jet Star. 6 heures de vol sans aucun service à moins de payer, même pas d'eau ou une poignée de cacahuètes (décidément les services de courtoisie en Australie ne nous auront pas impressionnés jusqu'à la fin). Puis, nous sommes atteris à l'aéroport de Denpasar sur l'île de Bali vers 22h00. Vue notre arrivée tardive, nous avions déjà réservé un hôtel sur Agoda, une chambre à 20$, pour s'assurer de ne pas galérer avec nos pack-sacs dès notre première nuit. C'était à Sanur, là où se trouvait la clinique de dentiste où Chris avait rendez-vous, 2 jours plus tard. L'hôtel était bien. Notre chambre avait presque la dimension d'un petit appartement et c'était flambant neuf. Nous avions l'impression d'être les premiers à occuper les lieux. Néanmoins, c'était mal situé et un peu trop cher selon notre budget voyage long-terme. Ainsi, nous avons repris les sac-à-dos le lendemain matin et pris un taxi pour les rues plus animées de Sanur, à proximité de la plage et où se trouvaient plusieurs hébergements bon marché. On avait quelques adresses d'accommodations en tête, mais tout ce qui se trouvait sur notre passage était plein ou trop cher. Nous étions alors en plein coeur de la haute saison touristique à Bali. On se retrouve donc à galérer dans les rues de Sanur, sous une chaleur écrasante. Nos packsacs se font lourds et les nombreux chauffeurs de taxi qui nous klaxonnent un après l'autre, pour nous inciter à embarquer dans leur voiture, nous emmerdent royalement. Puis, un homme dans la quarantaine nous interpelle. C'est un balinais, aborrant une longue queue de cheval ("long hair long life" selon un proverbe de l'endroit) et de nombreux tattoos. Il commence à sympathiser avec nous, se présente sous le nom d'Eddy, discute de tattoos avec Christian et nous demande si nous recherchons un endroit où crécher. Évidemment! Eddy nous dit que sa soeur à un guesthouse et qu'il y aurait peut-être des chambres de libres. Il se montre super gentil et nous conduit jusqu'au guesthouse en question. Par chance, il reste une chambre de libre. La chambre n'est pas terrible, pu l'humidité,  mais c'est dans nos prix et nous sommes mal placés pour jouer les difficiles. Nous prenons donc la chambre pour 3 jours, ne sachant pas combien de temps nous serons à Sanur. Tout dépendra des rendez-vous chez le dentiste pour Christian. Par la suite, Eddy nous oriente dans la ville, nous accompagne pour acheter un adaptateur électrique mural, puis nous dit qu'il travaille dans un studio de tattoo. Ah voilà! Avant de nous quitter, il nous remet la carte du studio qui appartient à son cousin, qui se trouve à être le meilleur tattoueur de tout Sanur (Oh oh... première graine semée dans l'esprit de Christian). Enfin débarassés de nos sac-à-dos et s'étant assurés d'un lit pour la nuit, on peut commencer à profiter de ce que Bali a à nous offrir. À première vue, beaucoup de couleurs, d'odeurs, de saveurs et surtout beaucoup de sourires. Des vrais beaux sourires francs et chaleureux. Ça y'est je suis gagnée! Je suis impressionnée par la dévotion des gens envers leurs dieux. Bien que le reste de l'Indonésie soit majoritairement musulmane, Bali est hindouiste. Ainsi donc, les cultes voués au dieux sont très remarquables et les cérémonies religieuses semblent se déroulées chaque jour. On retrouve plusieurs éléments de l'hindouisme indien, mais on nous a expliqué que l'hindouisme balinais a ses propres particularités et les dieux diffèrent.  Partout au sol, à l'entrée des habitations ainsi que des restaurants et des boutiques, on voit des petits paniers en feuilles de palmier tressées et remplis d'offrandes. Les offrandes sont généralement composées de fleurs, de riz, de biscuits, de cigarettes et inévitablement d'encens. En fait, la propriétaire de notre guesthouse à Sanur nous a informé que les gens incluent dans leurs offrandes les aliments qu'ils consomment durant la journée. Les offrandes sont déposées au sol et sur les autels plusieurs fois par jour, à différentes périodes de la journées. Pas toujours facile d'éviter de les piétiner tellement elle sont nombreuses. On ne voudrait surtout pas offenser nos hôtes... Néanmoins, nous remarquons que la durée de vie des offrandes est très éphémères. Une fois au sol, elles se détruisent rapidement sous les pas des touristes et la nourriture fini généralement par être mangée par les chiens, les oiseaux ou les fourmis. J'ai appris par après que cela avait peu d'importance. C'est l'acte de déposer l'offrande qui compte et les rituels qui l'accompagnent. De toute façon, l'offrande est vite balayée et remplacée. Nous sommes également vite conquis par la palette et l'intensité des saveurs présentées dans nos assiettes. Un peu trop emballés, car dès la deuxième journée, on s'aventure au marché de nuit local, excités par tant de variétés culinaires à si bas prix. On se dit que nous aurons tous nos repas du soir au marché... Jusqu'à la troisième journée où les maux du petit caca resurgissent. Bien que cela fasse partie de la "game", ceux-ci sont particulièrement intenses. Des crampes à nous couper le souffle. Bon on aurait peut-être pas dû manger ces boulettes qui se trouvaient dans notre soupe de la veille... Elles avaient bon goût certes, mais la texture était pour le moins qu'on puisse dire étonnante et on n'a jamais pu identifier en quoi étaient constituées ces boulettes . À la fin de notre repas, on a appris que c'était des boulettes de poulet. Vraiment?  Trop tard, le mal était fait. Suite à sa première rencontre chez le dentiste, Chris s'en tire avec deux autres rendez-vous supplémentaires à quelques journées d'intervale. Ainsi, nous devons rester à Sanur et ses environs, soit le sud de l'île, pour une semaine. C'est pas mal Sanur, mais pas plus que deux ou trois journées en ce qui me concerne. Sanur c'est majoritairement des stations balnéaires, des restos et boutiques aménagées pour les touristes. C'est très tranquille, parfait pour les vacances en famille en bord de mer et les lunes de miel. Plutôt ennuyant à la longue. Il y a une plage, mais celle-ci n'est pas exceptionnellement belle. Néanmoins, il y a un vent formidable parfait pour les amateurs de kite surfing ou de cerf-volant. Il y a de nombreux cerf-volants qui voguent dans le ciel de Sanur. Ces cerf-volants sont souvent très gros, de formes et de couleurs variées. Spectacle enchanteur pour nos yeux, qui agrémente nos moments sur cette plage.
 

Offrande

                 Plage à Sanur:
 
 
 
 
 
Avec une semaine à passer à Sanur, notre voyage en Asie débutait très tranquillement. C'était peut-être une bonne chose, car mon état intestinal demandait une toilette à accès rapide. L'adaptation digestive s'est faite brusquement et les symptômes ont trainé la durée de la première semaine. Rien d'extravagant comme activité donc. On se promène et Chris se fait dire 50 000 fois "nice tattoo" concernant sa manche droite. On se fait également dire plusieurs fois par jour comme nous sommes beaux ... Bon, il y a de forte chance que se soit du charme de vendeurs ratoureux, mais c'est pas désagréable.  Tout en errant dans le quartier touristique de Sanur, on passe devant le studio de tattoo du cousin à Eddy. Ce dernier est justement en train de glander à l'extérieur et il nous voit. Il nous invite amicalement à l'intérieur du studio... Ce serait peut-être grossier de notre part de refuser et, dans les circonstances, on n'a pas vraiment mieux à faire. Ainsi, nous sommes témoins de la propreté et de l'allure professionnelle du studio. L'endroit est nouvellement rénové et les installations sont modernes. Eddy nous parle de son cousin qui a 25 ans d'expérience en tant que tattoueur et qui a gagné plusieurs prix à Bali. Il nous demande si nous ne voudrions pas par hasard, se faire faire un tattoo durant notre voyage à Bali. Chris confie qu'il aimerait se faire tattouer en voyage, un tattoo souvenir, mais qu'il attend de trouver un bon artiste et le dessin coup de coeur. Il a déjà quelque chose en tête, quelque chose qui ressemble à un masque, dans la partie supérieure du dos, mais l'idée est plutôt vague et mal définie. Eddy présente les cartables de tattoo et de dessins de son cousin. Vraisemblablement, le gars a du talent. Puis, Eddy montre le dessin d'une face de dieu balinais; Barong, le chef des forces du bien, qui est très fréquemment représenté à Bali. Le dessin accroche Chris. Puis, Eddy montre un autre dessin de face de dieu; Rangda, la reine diabolique. Ok, Chris veut les deux visages dans son dos qui se font face, dans une représentation semblable au yin et au yang. Eddy nous donne une brève description de ces deux dieux balinais, Barong et Rangda, qui dans l'histoire, leur bataille représente la lutte éternelle entre le bien et le mal. Un concept de tattoo intéressent qui emballe de plus en plus Christian. Un sacré vendeur ce Eddy! C'est un pensez-y bien. Après un gros 24 heures de délibération mentale et budgétaire, Chris décide qu'il se fera faire ce tattoo. Après tout, c'est de circonstance et c'est un souvenir de voyage... à vie!  Il pourra mettre un crochet à côté du mot "tattoo" sur sa liste de «choses à faire en voyage». Ainsi donc, un autre rendez-vous pour Christian durant la semaine à Sanur. Une grosse semaine pour lui.
 
 
Nous nous retrouvons devant un deux jours libres, c'est-à-dire sans rendez-vous pour Chris. Moi, j'en peux plus de Sanur. Je veux bouger, voir autre chose. On décide d'aller à Kuta, qui se trouve pas très loin de Sanur, à 20-25 minutes en taxi. Pas que nos attentes étaient bien grandes par rapport à Kuta. De ce que j'avais lu et entendu, Kuta était le site qui attirait le plus de touristes dans toute l'Indonésie, ces touristes étant en majorité d'origine australienne et âgés entre 18 et 25 ans, dont le but premier était de faire la fête, puis encore la fête. En ce qui me concerne, je recherche davantage des endroits plus calmes et authentiques en pays étrangers et je désire surtout éviter les foules de touristes. Petite exception cette fois-ci en décidant de nous rendre à Kuta, emportés par l'ennui et la curiosité. Notre taxi nous débarque sur Poppies Lane 1, une petite rue trop étroite pour le passage du taxi en question, saturée de boutiques qui vendent toutes la même chose, de restos et de touristes. Vraiment rien de charmant, encore moins les touristes bedonnants et rouges comme des homards qui s'habillent avec des vêtements trop serrés, que l'on voit régulièrement. Du moins, on trouve sur Poppies Lane 1 un beau petit hôtel agrémenté d'un jardin charmant à l'arrière et d'une piscine à l'eau claire. Puis, on s'aventure dans les rues de Kuta. Méga centre-commercial, les chaînes de restaurant fast-food telles McDonald, Taco Bell et KFC pollulent, on se fait solliciter à chaque 3 pas et les Balinais nous prennent d'emblée pour des Australiens en nous interpellant par des "Mate" et en adoptant l'accent ainsi que les expressions des Australiens. C'est vrai que le nombre d'Australiens à Kuta est énorme, mais quand même, on ne ressemble pas à des Australiens non? Non? Enfin, on s'enligne pour la plage, qui encore une fois n'est pas extraordinairement belle. Toutefois, elle offre des vagues propices à l'initiation du surf et un coucher de soleil pas mal. On se fait encore solliciter par les vendeurs errants, les petites madames qui offrent des massages sur la plage,  les vendeurs de breuvages, ceux qui louent les planches de surf, mais c'est beaucoup moins pire que dans les rues du quartier touristique. On réussit même à obtenir un moment de tranquilité et de zénitude en regardant le coucher du soleil, assis sur la plage. Le soir tombé, on croise dans les rues plusieurs jeunes filles habillées très sexy, prêtes pour faire la fête, ainsi que plusieurs Australiens peu ragoûtants escortés par des Indonésiennes beaucoup plus jeunes et jolies qu'eux. Ouin... finalement c'était bien Sanur. Le lendemain, on ne se donne même pas la peine de sortir et on profite plutôt de la tranquilité du jardin dans la cour arrière de notre hôtel,  à faire les fainéants sur les chaises longues autour de la piscine. Tranquilles, jusqu'à ce que 3 jeunes françaises bruyantes se mettent à déblatérer sur leurs histoires d'amourettes et de couchettes, dans la piscine a à peine 2 mètres de nos chaises, comme si elles étaient seules au monde. À la fin c'était assommant. Elles semblaient bien gênées lorsqu'on leur a dit qu'on parlait aussi français, après 30 minutes.  Au soir, nous avons fait comme font la plupart des touristes à Kuta, on est sortis en boîte. On se retrouve sur l'artère des bars, avec l'intention de prendre une bière pour commencer, puis on verra. Des bars, il y en a en nombre plus que suffisant. Ça grouille un peu dans certains, beaucoup sont complètement vides. Il y a des hommes à l'air louches qui offrent à tous les passants étrangers des pilules, dont beaucoup de Viagra...  On se fait offrir une entrée "V.I.P", c'est-à-dire une entrée gratuite et des drinks gratuits durant une heure, au Sky Garden. Justement, j'avais lu que cette discothèque avait une belle terrasse en hauteur qui surplombait la ville. Donc on y va, puisqu'on n'a rien à perdre avec l'entrée et les drinks gratuits. Effectivement, au Sky Garden, du haut de 7 étages, la terrasse est bien agréable. Néanmoins, la vue sur Kuta a peu à offrir. On se rend compte, que c'est surtout dans le quartier touristique qu'il y a de la lumière et de l'animation le soir. Dans le bar, il n'y a que des touristes. C'était bien indiqué sur la carte V.I.P. "foreigners only" et il y a des portiers qui demandent les cartes d'identité pour vérifier ce fait.  Enfin, c'est faux, il y a des Indonésiennes dans le bar. La majorité d'entre elles semblent être engagées pour danser en bikini et en hautes bottes sur les stages de danse surélevés. Définitivement, ce n'est pas le meilleur visage du tourisme que l'on retrouve à Kuta Bali. L'heure des drinks gratuits arrive et nous avons le choix entre des centaines de verres de plastiques pré-remplis d'un liquide couleur jaune, orange, vert ou rouge, rapidement distribués par les serveurs derrière le comptoir. Les breuvages sont hyper sucrés et on ne goûte pas vraiment l'alchool. À vrai dire, c'est dans mes pires drinks consommés, mais "free is a good price". En se forçant à boire nos produits chimiques, on rencontre 2 Anglaises sympas. On jase, on danse, puis on s'en retourne avec toutes nos capacités, satisfaits de notre soirée.  Ça fait du bien de rencontrer des gens et de bouger après un moment. La matinée suivante, on s'en retourne à Sanur, qu'on s'est mis à apprécier davantage dès lors.  Puis, Chris a fini par finir ses rendez-vous dentaires et à se faire encrer la peau. Après 4 heures de souffrance, il arbore fièrement ceci:
 
 
 
               Plage à Kuta:
 
 
 
 
 
Enfin libres, nous mettons le cap sur la verdoyante ville d'Ubud, la capitale artistique et culturelle de Bali, au centre de l'île. Fraîchement débarqués au terminus d'autobus, le garçon au comptoir nous demande si nous cherchons une chambre pour la nuit. Nous lui répondons par l'affirmative mais ne nous montrons pas vraiment intéressés à sa proposition. Nous avons quelques adresses et pouvons trouver par nous-même. Le garçon nous demande le prix que nous voulons payer pour une chambre. Nous lui répondons 15$, qui est le prix minimal que nous avons payé jusqu'alors à Bali, pour une chambre double avec salle de bain privée. C'est alors que le garçon nous offre une chambre avec nos critères de base et bien plus: salle de bain privée, eau chaude, wifi, air conditionnée, bon déjeuner le lendemain. Il affirme que cette chambre se loue habituellement à 70$, mais qu'à cette heure, il préfère la louer à notre prix que de ne pas la louer du tout...  Bah on serait alors cons de refuser! Il est peu probable qu'on trouve meilleur prix à Ubud. Ainsi, on se rend à l'hôtel en question et on se  rend compte que c'est le deal du voyage. C'est à se croire dans une chambre de princesse: immense chambre, plancher et bain en marbre (un bain... wow!), lit baldaquin, grand balcon qui donne sur une rivère et sur la Monkey Forest. Le rêve! Dire que quand on se payait le luxe d'une chambre d'hôtel à plus de ce prix en Australie, on se retrouvait dans 20 mètres cubes avec un lit seulement. À Bali, une chambre à 70$ c'est le gros luxe! Et le déjeuner... Rien à voir avec la petite salade de fruits et les 3 demies rôties froides qui nous étaient habituellement servies dans les guesthouses précédents (ces déjeuners qui étaient inclus avec la chambre, nous ouvraient habituellement l'appétit plutôt que de calmer la faim du matin). Là, nous avions droit à de succulentes omellettes, des crêpes, des tranches de fruits frais, tout ça à volonté.  On a tenté de refaire cette bonne affaire avec les propriétaires de l'endroit le lendemain, mais ils ne voulaient pas nous faire la chambre à moins de 50$ pour les jours suivants. Tampis, on change d'accomodation et on se loue une chambre plus basique avec Julie, une amie à Christian, qui se trouve également à Ubud. Le guesthouse est tenu par une dame peu sympathique, qui possède un chien  rose. Lors de la première nuit, nous constatons que l'emplacement semble être adjacent à un poulailler constitué d'une dizaine de coqs qui poussent d'interminables coocooricooo à toute heure du jour. Les bouchons pour oreilles ont bien servi.


Le portique de notre luxueuse chambre à Ubud
 
Le balcon de la dite chambre
 

Jello le chien rose

 
Notre première journée à Ubud, nous l'avons passée à flâner dans les rues et nombreuses boutique de la ville.  Beaucoup de boutiques style hippie, nouvel âge, spécialisées en vêtements de yoga. Beaucoup de bistros et petits restos servant des jus d'herbes et de la bouffe bio. Belle petite ville qui attirent les baba-cools de tous les âges. Le lendemain, nous nous rendont à la fameuse Monkey Forest avec Julie et Nico, un sympathique Breton rencontré sur le chemin. Superbe cette forêt, avec ses immenses arbres, sa végétation luxuriante, ses temples et statues impressionantes. Néanmoins, c'est bondé de touristes et il faut pratiquement marcher en faisant la queue dans les sentiers. Il y a bien sûr les singes, ces petites pestes qui tentent de s'approprier tout ce qu'ils peuvent. Alors qu'il était assis tranquille, Chris y a laissé une bouteille d'eau après qu'un de ces singes ait posé la main sur le goulot. Quand Chris a retenu la bouteille, ce dernier lui a montré ses crocs pointus en le regardant dans les yeux. Prend-la, la bouteille, sale bête! Et la majorité des touristes dans la Monkey Forest, semble trouver cela drôle, se faire dépouiller par les macaques. Ils se mettent des couronnes de bananes sur la tête ou font ressortir de leur poche de pantalon un petit bout de sac rempli de cacahuètes, pour se faire grimper ou vider les poches par ces singes avides. Tout pour une bonne photo, au risque de morsure et d'égratignure. Les singes de la Monkey Forest semblent être les enfants rois de la jungle. Gare à celui qui leur refuse l'objet de leur convoitise. Ce n'est certainement pas les attitudes des touristes observées, qui amélioreront ce comportement. C'est pour cette raison qu'il est préférable de ne pas exposer des objets brillants ou facilement prenables tels bijoux, lunettes de soleil, caméra. Il paraît qu'en certains endroits touristiques comme dans les temples, les singes sont dressés par les marchants de bananes et de cacahuètes. Ces marchands leur apprennent à voler des objets aux visiteurs, pour ensuite les échanger contre de la nourriture. Ainsi, le touriste qui se fait voler ses Ray-ban par la sale bête, se doit d'acheter des bananes et cacahuètes à prix élevé au petit Indonésien du coin, s'il veut que le singe lui redonne ses lunettes sans drame. Une bonne affaire pour le marchand et pour le singe.

Promenade dans la Monkey Forest:

 
 
 
 
 
 


À Ubud, nous avons également fait des promenades à pieds quelque peu en dehors du centre. De jolies huttes et villas, des chants de riz d'un vert intense, des étalages de statues et de meubles en bois tellement magnifiques. Si j'étais riche, j'achèterais tous mes meubles à Bali. Le travail du bois est un art très développé là-bas et il est fréquent de voir des objets en bois avec des ornements et des détails très raffinés, particulièrement à Ubud. Un travail de fou! Les portes sont particulièrement remarquables. Nous avons également assisté à un spectacle de danse culturelle, le Kecak. Bien que j'ai mal compris la légende hindu présentée au travers de la danse, c'était très chouette. Le tout s'est finalisé avec un petit homme portant une figure emblématique de cheval (confectionnée avec des feuilles de palmier) qui marchait pieds nus dans des brasiers ardents. Étrange comme finale quand on ne comprend rien au sens de la danse, mais impressionant!

Spectacle de danse Kecak:

 


Nous étions également à Ubud durant le jour d'indépendance de l'Indonésie.  Nous nous attendions à un événement spectaculaire, comme dans le genre musique, danse, confettis, feux d'artifice, célébration joyeuse et colorée. Nous avons même mis notre promenade en scooter en suspend, dans les splendides rizières des alentours, afin de ne pas manquer cet événement qui se devait être grandiose. Finalement, le tout s'est manifesté en fin d'après-midi sur le terrain de soccer de la ville, avec un rassemblement des écoles des environs. Il y eut une fanfare d'enfants, puis une démonstration de marche militaire par quelques soldats. Puis ce fut terminé. Pas de danse du dragon ou de démonstrations traditionnelles comme je me l'imaginais. C'était plus formel que festif.

La fête de la journée de l'indépendance indonésienne à Ubud:

 
 


Ubud correspondait davantage au petit paradis que nous imaginions être Bali. Néanmoins, le flot de touristes était toujours important et incessant, rendant les contacts avec les habitants généralement superficiels et les expériences authentiques difficiles à trouver. Il est probable que Bali fut une vraie île paradisisaque, un bijou, il y a 40 ans, avant que le tourisme de masse s'en empare.  J'aurais bien aimé y être à cette époque.  À ce jour, il existe toujours des coins peu fréquentés par les Occidentaux à Bali, mais il sont rares et nous ne pouvons en témoigner. Après une dizaine de jours à Bali en saison haute (moment mal choisi, je sais), je ressentais les symptômes d'une bonne indigestion de touristes se manifester. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de prendre le traversier pour Lombok, l'île voisine. Nous avions lu et entendu plusieurs choses qui nous plaisaient sur Lombok, telles qu'elle était peu fréquentée et ne souffrait pas encore du tourisme de masse comme Bali (ce n'est qu'une question d'années par contre), qu'elle était authentique et possédait de magnifiques plages quasi désertes. C'était l'endroit coup de coeur de Julie, qui voyageait alors depuis presque 4 mois en Asie du Sud-Est. Celle-ci décida même d'y retourner avec nous, afin de bien profiter de ses derniers jours de voyage. C'est ainsi que tous les trois, avons pris un taxi pour Padangbai, puis un traversier de 4 heures pour Lombok, heureux de fuire Bali et ses foules.